(qui se fait tout de même attendre sur les étals…)
Sur la page Facebook de Miam-Miam, B.V. (de Paris) salue la naissance de Cuit-Cuit par le commentaire suivant:
Chouette ! Enfin un blog où va y avoir autre chose que des recettes copiées-collées tendance branchouille. J’adore. Je dirais même plus : j’adhère. Y en a marre des verrines, des cuillères chinoises et autres cupcakes! On ne fait plus la cuisine, on joue à la dînette.
Pour répondre à sa demande et parce que c’est une recette que Sébastien, qui n’a pas vraiment le temps actuellement de participer à l’écriture de ce blog, apprécie particulièrement (Éric n’a pas beaucoup de temps non plus, mais il n’a pas eu l’occasion de donner son avis sur ce plat), voici la recette des Penne, asperges vertes, citron confit et poutargue.
Prenez environ trois belles asperges vertes par personne, épluchez-les et coupez-les en sifflets de la taille des penne. Hachez de l’écorce de citron confit au sel: il en faut 1 cuiller à soupe pour 2.
Mettez une bonne quantité d’eau à bouillir, salez-la et jetez-y la quantité nécessaire de penne (environ 80g par personne). Remuez afin qu’elles ne collent pas et comptez environ 10 minutes de cuisson. Goûtez!
Dans une poêle assez grande pour contenir les pâtes, faites chauffer doucement un fond d’huile d’olive et y faire revenir doucement l’écorce de citron. Ajoutez les asperges et remuez à la spatule. Si jamais le feu était trop vif et que les asperges commencent à rissoler, n’hésitez pas à mouiller avec quelques cuillerées d’eau de cuisson des pâtes.
Lorsque les pâtes sont encore franchement al dente (disons 1 minute avant la fin de leur cuisson complète), prélevez une petite louche d’eau de cuisson et ajoutez-la au contenu de la poêle. Passez les pâtes et ajoutez-les également dans la poêle. Terminez leur cuisson en les sautant avec la garniture. Normalement le citron apporte suffisamment de sel.
Ajoutez un (bon) filet d’huile d’olive, plutôt mûre que verte (il y a suffisamment d’amertume dans ce plat, surtout avec la poutargue) et versez dans le plat de service bien chaud. Poivrez et parsemez de copeaux de poutargue, ou râpez celle-ci sur les pâtes.
Comme un certain nombre d’entre vous le savent, j’entretiens des relations assez étroites, régulières en tout cas, avec l’Australie. Fidèle supporter de Tasting Australia, festival qui accueille à Adélaïde les « Le Cordon Bleu World Food Media Awards », sans doute la plus importante manifestation dans le monde consacrée aux médias gastronomiques dans leur ensemble (et pas seulement aux livres), j’ai été sollicité pour faire partie de deux des jurys de l’édition qui se tiendra à la fin du mois prochain : l’un chargé de juger des photos culinaires, l’autre, des critiques de restaurants. Il est regrettable que cette manifestation qui, en principe, est totalement internationale, soit, de fait, à nette majorité anglo-saxonne : cela réduit nettement les perspectives, et c’est dommage…
Si je n’ai pas eu de révélation côté photos (on pourra en reparler lorsque les résultats de la compétition seront connus), l’analyse d’une quarantaine de critiques en provenance d’Australie, bien sûr, mais aussi de Grande Bretagne, d’Irlande, des États Unis, du Canada (anglophone), n’a fait que renforcer l’opinion que Sébastien Demorand et moi-même exprimions l’année dernière dans Les cuisines de la critique gastronomique : dans ces différents pays, en général, cette critique gastronomique est beaucoup plus vivace que celle que nous connaissons dans l’Europe latine et, en tout cas, en France.
Il faut dire que leurs food writers sont en général beaucoup plus gâtés que nos critiques gastronomiques : l’espace qui leur est dévolu, en général une fois et demi plus important que pour une chronique française, voire davantage, les moyens financiers, même si ceux-ci sont en nette diminution chez eux également. Je me souviens d’un article d’Alain Richman (de New York), publié en 2007 dans le GQ américain et intitulé The Seven Temples of Food World[1]. Il était présenté de la manière suivante : « Alan Richman crossed oceans, countries, and continents to eat at the seven greatest dining destinations on earth[2] »… et c’était vrai. puisqu’il avait parcouru l’Europe et était allé jusqu’en Australie ! Mais dans l’échantillonnage de critiques que j’avais à juger, il y avait le récit fait par Matt Preston (devenu aujourd’hui une star internationale grâce à la télévision) de son expédition, l’été dernier, pour faire le tour des établissements du Top Five du magazine anglais Restaurant[3]. Matt, d’ailleurs, aborde dans son article la question du coût de cette aventure. Je ne crois pas que ce soit faire du mauvais esprit que dire que nous n’avons rien vu de semblable en France (et pourtant les cinq restaurants en question sont tous européens — pas français, d’accord ! — ce qui rend l’aventure beaucoup moins problématique lorsqu’on vient de France plutôt que de Melbourne…) Il y aura d’ailleurs matière à revenir sur ce compte-rendu de voyage : l’expérience est suffisamment rare pour mériter qu’on s’y arrête, surtout lorsque c’est quelqu’un comme Matt qui la mène.
Ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui… Ce qui m’a intéressé dans l’exercice qui m’a été offert, c’est un trait qui m’a semblé caractériser la (meilleure) critique australienne : sa capacité à passer de l’individuel au local et au global. Parler d’un restaurant devient véritablement une façon de penser la cuisine dans son ensemble. Est-ce la situation si particulière de l’Australie qui permet à ses critiques gastronomiques d’avoir cette faculté ? L’éloignement de ce pays, que ce soit de l’Europe ou des États Unis, semble pousser ces derniers à tenter de relier ce qui se passe chez eux avec ce qui peut advenir ailleurs dans le monde : on est loin de la mentalité de village gaulois assiégé qui règne le plus souvent chez nous…
[1] http://www.gq.com/food-travel/alan-richman/200709/world-dining-destinations
[2] Alan Richman a traversé les océans, les pays et les continents pour manger dans les sept plus grandes destinations culinaires du monde.
[3] Sydney Morning Herald, supplément du 26 septembre 2009: http://www.smh.com.au/news/entertainment/good-living/preston-rates-the-worlds-best-restaurants/2009/09/28/1253989856254.html